Olaf a écrit :@bfb2 : Ce qui me gêne dans ta démonstration, c'est que tu mets en avant surtout des questions techniques. C'est sûr qu'il est plus facile d'innover aujourd’hui dans le numérique du fait de son côté récent ; mais ce n'est pas pour ça que les formes d'art à l'ancienne sont condamnées à être dévaluées.
Tu parles de "faiseurs de monde". C'est sûr, ce qu'on fait aujourd’hui dans le cinéma et le jeu vidéo par exemple peut être bluffant. Mais des "faiseurs de mondes", tu peux en trouver d'excellents sur le format papier. La différence, c'est que dans le premier cas, il t'est donné tel quel ; alors que dans le deuxième, c'est toi qui le reconstruit à partir des suggestions de l'auteur. Ce n'est pas la même expérience, et je trouve dommage de dire que parce que le premier taquine du PC, il est supérieur à l'autre qu'en est encore au stylo.
Je dirais peut-être même que plus l'art se base sur des techniques de pointes, plus rapidement il est périmé. Je me rappelle, à l'époque, les cinématiques de Final Fantasy IX nous semblaient impressionnantes ; aujourd'hui, elles valent plus grand chose. En revanche, le Seigneur des Anneaux version papier reste toujours aussi fascinant, malgré toutes les récupérations/adaptations/emprunts faits par d'autres depuis. Autre forme d'art : elle a beau avoir 850 ans, je reste ému par l'architecture de Notre-Dame de Paris, et il m'arrive régulièrement d'y aller avant le bureau juste pour le plaisir de faire le tour du déambulatoire.
Bref, j'en reviens à ma distinction d'un peu plus haut : ne pas confondre l'artisan (celui qui maîtrise une technique) et l'artiste (celui qui arrive à parler à d'autres par l'intermédiaire d'une production, quelle qu'elle soit) - les deux ne s'opposant pas forcément d'ailleurs.
A la base, je crois que nos idées se rejoignent Olaf. Notre Dame de Paris a été fait par un prêtre batisseur pour qui c'etait l'oeuvre d'une vie. Il y avait une vraie exigeance, un vrai soucis de perfection, travail tellement colossal et soucis de perfection tel, que ça a pri plus de temps à monter que la vie complète du prêtre batisseur. On peut d'ailleurs faire la même remarque pour les peintres classiques, pour qui l'élaboration d'un tableau prenait énormément de temps, et toute une vie comme certains du style de Michel Ange sur la chapelle sixtine...
J'etais intervenu dans le débat pour répondre à al greendao qui avait tendance à minimiser le beau par rapport au signifiant. j'estime que le beau dans l'art demande une énorme exigeance et un énorme travail. Une connaissance des ressorts du beau, n'est pas facile non plus, pas plus que transformer le réel et le sublimer en inventant un univers complet.
Je trouve que l'art contemporain a enclenché un retour vers l'arrière, où on essaye de plus en plus de produire rapidement, avec de moins en moins d'exigeance, de moins en moins de travail, privilégiant le message et la communication sur l'oeuvre, à la technique, au rêve, à l'effort. Et moins l'artiste travaille, plus les communiquants de l'art, qui n'ont jamais rien produit, font entendre leur voix. Pour moi le virage enclenché par l'art moderne est une régression et je n'ai aucune sympathie pour ceux qui ont généré cette forme d'art, qu'ils s'appellent Van Gogh, Picasso ou Giacometti. Pas à cause de leur démarche personnelle, mais parce qu'ils ont enclenché un mouvement où on en fait de moins en moins pour en parler de plus un plus. Et aussi un peu quand même parce que techniquement, ils etaient très très loin d'avoir les bases techniques de leurs prédécesseurs. Au louvre, on nous parle des oeuvres de Van Gogh. Sauf que si on s'affranchit du discours comme quoi il faut absolument voir ses tableaux, techniquement, ça reste très en dessous de peintres inconnus du même musée...
Quand je parle de l'art numérique, c'est pour dire qu'ils n'ont rien à envier en terme de nouveauté aux précurseurs de l'art moderne. Que l'art soit disant moderne est déjà dépassé par ses flancs en terme de modernité par les nouveaux artistes numériques. Et dans les grandes largeurs même... Une modernité représentée par la création de bestiaires, d'univers oniriques, d'oeuvres marquantes et/ou dérangeantes. Mais cet art là ne sacrifie pas la technique, le travail, le temps passé sur une oeuvre au bénéfice de la modernité. La création de créatures imaginaires demande de grosses connaissances techniques sur les spécificités morphologiques des animaux ou des êtres humains. Pareil pour la création d'univers fantasy, steampunk qui nécessitent un gros travail de documentation. Les artistes numériques allient donc les qualités des classiques (soucis de la perfection, capacités énormes de travail) aux visées prétendument modernes des artistes contemporains. Et les contraintes liées à la main, le mélange des pigments ou autre se trouvent facilités, avec un transfort plus direct des idées en tête que ce que pouvaient faire les grands peintres classiques des XVIIème, XVIIIème ou XIXème...
José Mourinho : [i]"C'est un club historique, qui possède une grande Histoire, même si elle n'a plus remporté de trophée depuis quelques années. C'est là que Michel Platini a brillé avant d'aller en Italie..."[/i]