Il suffit de pratiquer une salle des profs au quotidien pour comprendre que le vieux cliché "profs=de gauche" n'est pas (ou plus ? je ne suis pas assez vieux) une réalité. La politique doit être l'un des sujets dont on parle le moins dans une salle des profs ; on en entend juste un peu plus parler quand les présidentelles approchent, mais c'est la même chose dans tous les métiers et même sur les forums de foot, non ?vertigogo a écrit :Pour faire plaisir à Danish : j'ai fait toute ma scolarité dans le public et suis assez attaché à titre personnel à l'enseignement public. Comme dit par ailleurs, on peut toutefois regretter qu'il y ait un gros problème de pluralité d'opinions parmi le corps enseignant et que ça ne semble pas choquer grand-monde.
Si ça peut en rassurer quelques uns, un grand nombre de profs sont immergés dans la société actuelle et ont des comportements politiques tout à fait semblables aux comportements des autres Français. Comme beaucoup de leurs concitoyens, ils n'ont pas forcément de couleur politique bien déterminée et peuvent voter Le Pen en 2002, Sarkozy en 2007 et Hollande en 2012.
Beaucoup ne suivent que de manière superficielle les débats politiques (et encore, seulement lors des présidentielles). Beaucoup se fichent royalement des élections régionales, cantonales, européennes, etc. Beaucoup sont abstentionnistes. Beaucoup sont tout simplement peu intéressés par la politique et ne risquent donc pas d'en parler à leurs élèves. Et beaucoup sont ignares en politiques. Ce sont des citoyens comme les autres, tout simplement.
Ceux parmi eux qui s'intéressent à la politique représentent sans doute (comme l'ensemble de la population) tous les courants politiques, et n'ont de toute façon pas forcément la prétention d'amener leurs élèves à penser comme eux à travers leurs cours. Je dirais d'ailleurs que l'éducation politique des élèves, quand il y en a une, se fait plutôt à la maison et à travers les médias et on voit ressortir cela clairement à travers les questions ou les remarques que les enfants peuvent faire en classe. Il faut voir aussi que les programmes scolaires tels qu'ils sont faits, notamment en Histoire, ne permettent pas vraiment à un prof de discourir pendant deux heures devant sa classe sur les points forts du programme de Mélenchon ou de Le Pen....
Tout le monde durant sa jeunesse a assisté aux cours de plusieurs dizaines de profs. Alors certes tout le monde a connu un vieux prof barbu de gauche, mais tout le monde a connu aussi un prof qui se grattait le nez, un prof qui fumait lors des intercours, un prof qui lançait des bouts de craie pour faire taire les bavards, un prof qui mettait de meilleures notes aux plus jolies filles, un prof qui remettait les mêmes contrôles d'une année sur l'autre, un prof qui pleurait quand les élèves mettaient le boxon dans sa classe.... Il y en a peut-être même qui ont connu un prof supporter de Lyon, c'est dire ! Bref tout ça, ça fait de belles histoires à raconter dans les soirées entre potes, mais ce n'est pas pour autant que l'on doit en tirer des généralités et penser que toute une profession est représentée par un ou deux individus (sur plusieurs dizaines) que l'on a pu croiser durant sa scolarité, ou dont on a pu entendre parler à travers les récits plus ou moins exagérés des uns et des autres.